Aujourd'hui, le soleil a fait quelques timides apparitions. Je n'en ai pas assez profité : au bureau derrière les baies vitrées. J'imagine que cette image prise près de la ferme il y a deux mois, aurait pu être prise aujourd'hui. 

Le 29 décembre 2012, de beaux chevaux comme voisins

La semaine passée, l'aîné est allé à son cours de poterie mensuel. Il a rapporté une jolie boite. Comme celle qui était sur la cheminée de nos grand-mères.  

Il manque encore le couvercle qui est dans le four du professeur. La difficulté étant qu'il soit en adéquation complète avec la boite. C'est pas gagné.

Enfant, il y en avait chez ma grand-mère maternelle. Pendant les grandes vacances, je passais trois semaines chez elle et il y avait toujours un ou deux après-midis de grand ménage. Je devais monter sur une chaise, faire passer tous les objets à ma grand-mère, les nettoyer avec elle puis les replacer délicatement sur la cheminée.

Elle me racontait l'histoire de chaque boite, de chaque photo, ou de chaque sculpture. Elle me parlait toujours de ce lion de Belfort que lui avait rapporté jadis mon grand-père.

Mais chez cette grand-mère, il y avait pas moins de quatre cheminées. Je savais lorsque cela commençait que j'en avais pour un moment ...

C'est sur les conseils d'une collègue que je me suis fait offrir un livre "Les Pays" de Marie-Hélène Lafon. Ce nom ne m'est pas inconnu. Dans ma famille, on retrouve ce nom du côté de ma grand-mère. L'écrivain vient du Cantal, jeune femme elle fit ses études à la Sorbonne et elle raconte le décalage entre sa vie lorsqu'elle est montée à Paris faire ses études et celle de son père à la ferme. Cela m'a forcement parlé. 

extrait (contexte : son père à l'occasion du salon de l'agriculture est venu voir sa fille à Paris) 

"La seule chose qu'il craignait dans les voyages, comme ça à Paris, et encore plus ailleurs, s'il était allé ailleurs, c'était la nourriture, le changement de régime, et les conséquences que ça pouvait avoir. Chez Claire il mangerait la soupe, la salade, le fromage, et boirait ses deux ou trois verres de vin par jour, il disait le canon ; mais la façon de faire, de préparer les aliments, n'était pas la même; il se méfiait, ..." 

"... ce vinaigre marron et presque sucré qu'il n'aimait pas beaucoup, et dont elle usait pour la salade alors qu'elle ne mettait pas d'ail dans la sauce ; pour la salade sans ail tout était changé ; et pour la soupe aussi ; elle achetait la soupe en portions congelées qu'elle faisait fondre dans une casserole à fond épais, en ajoutant ce qu'il fallait de la crème, ou du lait entier ; dans cette cuisine minuscule et impeccable, préparer un vrai bouillon de légumes semblait déplacé ; un peu comme si lui à la ferme s'était mis en tête de traire en pantalon et gants blancs avec une cravate ; d'ailleurs la soupe était bonne en y rajoutant du sel, et des bouts de pain trempé."

Lorsque mes parents daignent venir me voir en région parisienne, ma mère se met immédiatement aux fourneaux et c'est mieux pour mon père. Ma cuisine n'a rien à voir avec la leur. Tous les matins, vers 8h30 encore aujourd'hui, mon père boit un bol de bouillon comme il le faisait avant à la ferme après avoir soigné les bêtes. Il ne supporte pas ma vinaigrette à base de moutarde. Et les plats salé sucré, ce n'est pas son truc. Sans parler que là-bas, on mange le légume et la viande du plat principal l'un après l'autre, pas forcement ensemble.  En tout cas, ce livre m'a rappelé l'Auvergne et tout ce que j'ai laissé là-bas.

Jeudi à la ferme, un petit veau a été tué. Il souffrait d'une jambe, marchait mal. Le soigner prenait trop de temps. Décision fut prise. A la maison, E. est horrifié qu'on ait pu infliger un tel sort à une bête handicapée. "Et si on tuait tous les humains handicapés, tant qu'on y est !" s'écrie t-il ?

Quand on est né à la campagne, la vie et la mort font partie du quotidien. Cela heurte moins. Il est vrai que du temps de mes parents, cette bête aurait survécu à force de soin et de temps car les paysans ne comptaient pas leur temps. Aujourd'hui un agriculteur travaille dans sa ferme, mais aussi reçoit des formations, doit se tenir au courant de ce qui se passe à Bruxelles, doit savoir remplir des tas de papiers pour toucher telle ou telle subvention mais aussi tenir compte des dernières règlementations européennes en terme d'écologie et entretenir le paysage. Bref un savant casse tête.

Ce qui fait que ce métier a beaucoup évolué. Aujourd'hui pour être agriculteur, il faut être chef d'entreprise. Sans cesse des décisions doivent être prises. 

Le 29 décembre 2012, au retour d'une ballade à a ferme, ici le taureau Salers du cheptel.

Nous avons bien ri à table lorsque j'ai raconté aux enfants que ma belle-soeur adorait les poumons de veau et s'était régalée, que ma nièce aimait le coeur et mes parents avaient craqué pour le foie de veau. E. a encore poussé quelques cris d'orfraie et nous de rire de plus belle.

Le rouge de la robe de ma belle-soeurette s'accorde bien avec les couleurs de la bibilothèque du salon, de la boite à couture et de la nappe, n'est-ce pas ?